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Tout comme la plus part des centrafricains, la majorité des jeunes connaissent un état de santé précaire, à cause de la persistance des mariages/unions précoces (55% pour les filles de 15-19 ans contre 11% pour les jeunes hommes du même groupe d’âge), l'exposition aux IST/VIH du fait des rapports sexuels précoces avec plusieurs partenaires (24% chez les jeunes hommes de 15-24 ans contre 8% chez les jeunes filles du même groupe d’âge), la consommation excessive de l’alcool, de la drogue et autres stupéfiants. Par ailleurs, il y a lieu de souligner que l’âge médian au premier mariage se situe autour de 16 ans.

L’accès des adolescents et jeunes aux informations et les services en matière de santé sexuelle et la santé de la reproduction demeure toujours un problème préoccupant comme en témoigne le taux de prévalence contraceptive et les besoins non satisfaits chez les jeunes de 15-24. En effet, selon les données de MICS IV l’utilisation de la contraception n’est pas une pratique courante chez les adolescentes et jeunes de 15-24 ans. Malgré une sexualité précoce, les taux de prévalence contraceptive moderne et traditionnelle s’élevaient à 13% pour les adolescentes de 15-19 ans et 14,8% pour celles âgées de 20-24 ans. Quant aux méthodes modernes reconnues pour leur efficacité, 7% des filles de 15-19 ans (respectivement 8,9% de celles âgées de 20-24 ans l’utilisent). La même source indique également que les besoins non satisfaites étaient importants (22% pour celles âgées de 15-19 ans et 22% pour les filles de la tranche d’âge 20-24 ans). De plus, la proportion des jeunes de 15 à 24 ans ayant eu accès aux informations en planification/planning familiale (PF) est faible à cause du niveau élevé de la fécondité chez les adolescentes âgées de 15 à 19 ans qui était de 229 pour 1000 naissances vivantes. Il est à noter que 27,7% de filles/femmes sont excisées et 12,7% ont déclaré avoir pratiqué au moins trois avortements clandestins dont 7,9% en union.

 

Quant aux IST, le rapport 2015 du Centre National de Référence des Infections Sexuellement Transmissibles et de la Thérapie Antirétrovirale (CNRISTTAR) souligne qu’elles demeurent une préoccupation chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans car 150 jeunes des deux sexes confondus ont présenté un signe d’IST. Le rapport de l’enquête socio-comportementale et de séroprévalence du VIH réalisée en 2011 dans les trois préfectures de la RCA (Nana-Mambere, Ouham et Ouham Pende) du bassin du lac Tchad souligne également que la proportions des jeunes ayant affirmé avoir déjà contacté une IST sont respectivement de 7,5% pour les jeunes de 15-19 ans et 18,6% pour ceux âgés de 20-24 ans.

 

S’agissant du VIH et bien qu’il n’y ait pas de données récentes disponibles sur la prévalence du VIH chez les jeunes de 15-24 ans, on note qu’en 2010 la prévalence moyenne du VIH chez les adolescents et jeunes de 15-24 ans était de 2,8 %. Les jeunes filles étaient 6 fois plus infectées (4,2%) que les garçons du même âge (0,7 %). La précocité des rapports sexuels (55% de jeunes filles et femmes contre 45% de garçons et hommes) et le faible niveau de connaissance en matière de prévention du VIH (environ 38 % de jeunes de 15 à 24 ans connaissent les 3 moyens de prévention et identifient 2 idées erronées) expliquent cette situation. Par ailleurs, même si 97% des jeunes de 15-20 ans ont entendu parler du VIH/Sida, seulement 27% ont déjà fait le test de dépistage.Ces données indiquent aussi qu’il existe un écart entre les connaissances, attitudes et comportements en matière de santé sexuelle et de la reproduction des adolescents et jeunes. Par ailleurs, selon l’étude sur la vulnérabilité menée en 2010, les populations les plus vulnérables sont les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (MSM ou HSH), les Travailleuses de sexes, les enfants de la rue, les transporteurs et les hommes de tenue. Ces populations sont constituées majoritairement d’adolescents et de jeunes. Les connaissances exactes sur le VIH demeurent faibles (13.4% pour les garçons, et 13.8% pour les filles), et l’adhésion au dépistage reste faible (15% pour les garçons et 25.5% pour les filles), la déliquescence des services de prévention et de prise en charge, les violences de toutes formes et l’insécurité constituent des facteurs important de risque et de vulnérabilité au VIH en RCA pour les adolescents.

En résumé, les difficultés rencontrées par les adolescents et jeunes sont essentiellement dus à des problèmes de Santé Sexuelle et de la Reproduction (IST, avortements clandestins,), consommation excessive de l’alcool et de la drogue, et ce dans un contexte où les services spécifiques adaptés sont inexistants ou dans un état de déliquescence totale et où « l’indifférence » de la société face à leurs besoins les entraînent vers des comportements à risques et nocifs.