Le Représentant de l’UNFPA, Dr Koudaogo OUEDRAOGO s’est rendu dans la préfecture du Haut-Mbomou, précisément dans les villes de OBO et de ZEMIO pour s’enquérir de la situation qui prévaut dans ces deux villes et des interventions de l’UNFPA. La visite s’est déroulée du 23 au 27 mars 2020.
Que ça soit dans la ville de Obo ou de ZEMIO, il a été noté que les deux villes souffrent de mêmes problèmes, au niveaux sanitaire qu’éducationnel, sécuritaire, de violences basées sur le genre, de la restauration de l’autorité de l’État, etc.
Rencontre avec les autorités locales et les leaders communautaires de la ville de Obo
En date du 24 mars 2020, le Représentant a eu l’occasion de discuter avec les autorités locales et les leaders communautaires, y compris les responsables des agences du système des Nations Unies et des Organisation Non gouvernementales de la ville de Obo, sur les conditions de vie qui prévalent dans la communauté et voir ce qui peut être fait pour améliorer leurs situations en fonction du mandat de l’UNFPA
Dans les différents échanges, il est ressorti que la ville de Obo souffre de nombreux problèmes à tous les niveaux.
Au niveau sanitaire, la ville de Obo abrite l’hôpital de district, un hôpital de référence qui manque de personnels de santé qualifiés. Avec un médecin-chef de district, une matrone et un aide-soignant qui joue en même temps le rôle d’anesthésiste et aide opératoire, cet hôpital n’est pas capable d’offrir des services de prise en charge de qualité aux femmes enceintes ou parturientes.
À ce problème de manque de personnel qualifié, il s’ajoute un problème criard de l’état vétuste de la maternité et du bloc opératoire qui manquent des équipements adéquats pour prendre en charge les malades. Toutefois, la MINUSCA, présente dans ville de Obo, va commencer les travaux de réhabilitation et d’extension de la maternité et le HCR avait construit un pavillon pour le bloc opératoire de la chirurgie sans équipement.
La ville de Obo n’est pas la seule à souffrir au plan sanitaire. Le chef de Centre de santé de MBOKI, se trouvant à 75 km de Obo avec 21612 habitants, a aussi souligné le problème de manque de prestataires de santé qualifiés (surtout des infirmiers secouristes) et déplore les pratiques néfastes qui continuent à s’observer dans les villages dont entre autres l’accouchement à domicile. La conséquence est que le nombre de décès maternels reste élevé dans la région. Pour ceux qui décident de se rendre à l’hôpital, souvent succombent en cours de route ou accouchent en cours de chemin car ils manquent de moyens de déplacement.
Dans toutes ces structures sanitaires, aucun ne délivre des actes de naissance. Ce qui pose un sérieux problème pour la population en général et particulièrement les élèves qui vont passer les examens d’état de fin d’année. Ces derniers n’étant pas reconnus par l’Etat risquent de se voir refouler des salles d’examen.
En matière de prévention du VIH/SIDA, la préfecture de haut Mbomou possède le taux de prévalence le plus élevé de la RCA ; elle est de 11,9%. La cause est expliquée par le fait qu’il y a une faible connaissance de la communauté sur les mesures de prévention et de propagation du VIH/SIDA. En plus de cela, l’hôpital manque de réactifs pour faire le dépistage mais par contre possède des Antis rétroviraux en quantité suffisante. La ville souffre de manque de préservatifs, qui est une denrée rare, trois préservatifs sont vendus à 150XAF. Pour parer à cette situation, UNFPA, n’ayant pas de sous-bureau à OBO, va envoyer des cartons de préservatifs pour être distribués gratuitement au sein de la population.
Avec les crises qui ont secoué le pays, dans la ville de Obo, il y a trois groupes armés actifs. La conséquence, il y a absence de l’autorité de l’état pour rétablir la sécurité dans la ville et ses environs et les femmes, les filles subissent des violences, surtout les viols sexuels. Souvent les victimes n’osent pas dénoncer leurs bourreaux car elles ont peur pour leurs vies et de la pression familiale. Pour résoudre ce problème, le responsable de l’ONG CSSI a demandé que UNFPA puisse faire des séances de sensibilisation sur la prévention et la lutte contre les VBG dans la communauté et créer un centre d’écoute pour les survivantes de VBG.
Les jeunes aussi, souffrent beaucoup dans cette ville car on note un sérieux problème de scolarisation et d’employabilité. Ce qui pousse nombre d’entre eux, à se tourner vers la criminalité et se laisser facilement enrôler dans les groupes armés.
Au niveau scolaire, il se pose un problème des enseignants qualifiés. Ainsi, les parents se convertissent en enseignant, ils deviennent des maitres-parents. De ce fait le niveau de l’enseignement est très bas.
Une lueur d’espoir devant tous ces problèmes vient d’une remarquable cohésion sans faille entre les autorités locales, la MINUSCA, le système des Nations Unies et les ONG pour travailler ensemble afin de trouver des solutions à tous les problèmes qui assaillent la population de Obo.
Dans son discours, le Représentant a promis que dans le souci d’atteindre zéro mortalité maternelle évitable et pour contribuer à la lutte contre la pandémie Covid-19, l’UNFPA va recruter une sage-femme pour servir à l’hôpital de Obo. Cette dernière viendra appuyer celles qui seront envoyées par l’ONG Alima, dans les prochains jours pour remettre à niveau l’offre de services à la maternité de l’Hôpital de district de Obo. Avec l’extension de la maternité par la MINUSCA, UNFPA mettra à disposition de l’équipement afin d’améliorer les conditions de travail au sein de l’hôpital.
Au regard du risque d’apatridie de milliers d’enfants de la ville de Obo et ses environs, UNFPA va travailler avec la MINUSCA sur un de leurs projets pour établir des jugements supplétifs d’actes de naissance pour un millier d’écoliers en classe d’examen ou pour d’autres enfants pour leur faciliter l’accès à l’école à la rentrée scolaire prochaine.
Pour les questions de VBG, du VIH/SIDA, UNFPA va collaborer avec les autres agences, présentes dans la ville, pour permettre la distribution des préservatifs et des kits de santé de la reproduction, et à travers le cluster protection, sous le lead du HCR, appuyer dans la réponse déjà apportée par ce dernier aux survivantes.
Rencontre avec les autorités locales de la ville de Zemio
En date du 25 mars, le Représentant s’est rendu dans la ville de Zemio ou il a rencontré les autorités locales dont le Sous-préfet et le représentant du maire.
Dans le discours des autorités locales, les problèmes en terme sanitaire sont semblables à ceux de la ville de Obo ; à la seule différence que l’hôpital de Zemio, hôpital secondaire, est soutenu par l’ONG ALIMA, qui dans son projet financé par le Fond Bekou, a réhabilité la maternité et recruté 3 sages-femmes dont une internationale. Par contre, il se pose un problème de médicaments et de méthodes contraceptives.
Au niveau scolaire, pour 72426 habitants, il n’existe que 5 enseignants intégrés dans la fonction publique et le reste, ce sont les Maitres-parents qui dispensent des cours à leurs enfants.
Avec la crise qui a secoué la ville en 2017, il y a eu une grande vague de réfugiés et de déplacés interne qui souffrent énormément de manque d’eau, d’hygiène et d’assainissement au sein des camps, de problèmes d’abris, de travail, d’éducation pour les jeunes, d’agriculture et d’élevage, etc.
Pour le Président du comité de paix, la ville de Zemio a beaucoup souffert et ils ont l’impression que la ville est laissée à l’abandon. Il y a une absence totale de l’autorité de l’État (Pas de police ni de gendarmerie). En cas de problème sécuritaire, ce sont eux, avec l’aide de la MINUSCA (en particulier le bataillon Marocain- MORBAT) présents sur place, qui se déplacent pour aller résoudre les mésententes. A cela s’ajoutent des problèmes de violences basées sur le Genre que subissent les femmes et les filles dans la ville et dans la brousse quand elles vont chercher le bois de chauffe.
Pour répondre à ces différents problèmes, UNFPA va faire un plaidoyer auprès des autres agences du Système des Nations pour examiner la question de l’agriculture et de l’élevage (FAO), discuter de la restauration de l’autorité de l’Etat et de la gouvernance locale avec le PNUD et parler des problèmes de WASH avec l’UNICEF.
De son côté, pour parer aux manques de méthodes contraceptives, l’UNFPA va mobiliser des intrants de Planification familiale. Une douzaine de cartons ont été livrés le 27 mars à l’ONG Alima à Zemio pour commencer.
Dans le cadre de la lutte contre les VBG, l’UNFPA, grâce au financement sud-coréen, est en train de mettre en place un « one stop center », guichet unique, pour offrir des services de prise en charge médicale, psychosociale, judiciaires et un abri aux survivantes des violences basées sur le Genre.