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Ce constat morne se caractérise par l’accès à l’éducation qui reste assez faible chez les jeunes centrafricains. Le taux brut de scolarisation (TBS) est de 5,4% au pré-primaire, 87,2% au primaire (seulement 73,4% pour les filles), 21,8% au secondaire 1er cycle et 8,9% au secondaire 2ème cycle. Le nombre d’enfants exclus du système scolaire dépassait les 240 000 enfants. Les TBS restent trois fois inférieurs à ceux de la moyenne de l’Afrique sub-saharienne, en ce qui concerne le pré-primaire et le second cycle du secondaire. Le TBS pour le premier cycle du secondaire représente moins de la moitié du taux des autres pays d’Afrique-sub-saharienne et reste 4 fois inférieur à la moyenne mondiale.

L’enquête MISC3 de 2010 a montré que 30% des enfants de 6 à 11 ans n’ont jamais eu accès à l’école, soit 26,4% pour les garçons et 33,7% pour les filles. Le taux d’achèvement du cycle primaire était de 39,7% en 2010, un taux éloigné de l’objectif prévu de 58% en 2011 tandis que le taux d’inscription au secondaire était seulement de 21%. Le taux d’alphabétisation des adultes était de 56% en 2010 et atteignait 65,2% pour les jeunes de 15 à 24 ans. L’analphabétisme touche plus les femmes (56,8%) que les hommes (30,7%).

Le système éducatif se caractérise également par l’absence d’enseignants qualifiés. Avant la crise, le ratio élèves-enseignant était 1:89. 40% des enseignants sont des maîtres parents sans formation ni qualification. De plus, les bâtiments et infrastructures scolaires sont en nombre insuffisant, le ratio d’élèves par salle de classe est de 87, le ratio élève-pupitre est de 1:32 et la plupart du temps il n’y a qu’un seul manuel pour dix élèves, ce qui entrave les résultats d’apprentissage. Dans les collèges publics et les lycées, les salles de classe sont surchargées. Ainsi, le ratio est de 145 élèves par salle de classe.

D’une part la corruption domine et inonde le système éducatif centrafricain, les notes et les mérites sont délivrés par complaisance, ce phénomène touche une grande proportion des élèves et étudiants du sexe féminin. Ce qui se traduit par une baisse de niveau justifiant d’autre part la faible qualité d’enseignement faute de personnel compétent pouvant répondre aux besoins d’éducation en milieu scolaire.

Enfin, l’enquête PASEC Light de 2007 avait déjà relevé un grave déficit de qualité. Cela se traduit par des taux de redoublement élevés, soit en moyenne près de 23% dans le premier cycle de l’enseignement fondamental et plus de 17% dans le second cycle du fondamental et au secondaire. Le secteur éducatif en RCA présente les taux de redoublement parmi les plus élevés du monde.

L’analyse ci-dessus montre que la plupart des centrafricains qui abandonnent l'école au niveau du primaire et du secondaire développent des compétences post scolaires limitées, de sorte que la grande majorité, en particulier les jeunes se retrouvent dans le secteur informel où la productivité est faible et où les emplois sont précaires et mal rémunérés. Même ceux qui obtiennent des diplômes supérieurs n’ont pas nécessairement les compétences requises pour être compétitifs sur le marché du travail, ce qui réduit leur employabilité. La conséquence serait que la plupart des entreprises font appel à des étrangers pour assurer la gestion de haut niveau. Ce déficit a pour conséquences la perte de possibilités économiques pour des milliers de travailleurs centrafricains. Ces données sur l'éducation montrent également que la majorité des centrafricains ne possèdent pas la formation et les compétences nécessaires pour être compétitifs et contribuer positivement à la productivité économique.