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Bangui, 25 octobre 2023. Le bureau-pays du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) et le Gouvernement de la République Centrafricaine (RCA), à l’instar des autres États africains, notent que malgré l’élaboration et la mise en œuvre des documents de politiques et des programmes pour atteindre les objectifs de développement durable, beaucoup de progrès restent à réaliser aux vues des statistiques peu reluisantes illustrant l’ampleur des défis. Selon le dernier rapport sur l’état de la population mondiale (SWOP 2023 report), en 2022, la RCA a enregistré 835 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes alors que l’espérance de vie est de 53,7 ans (55,9 ans pour les femmes contre 52 ans pour les hommes). De même, la Banque Mondiale (2020 World Development Indicators) et l'Institut Centrafricain des Statistiques et des Etudes Economiques et Sociales (ICASEES, 2021) indiquent que le niveau de l’incidence de la pauvreté est très préoccupant avec 70,5% en 2019, 72,5% en 2020, puis 68,8% en 2021 avec des conséquences sur l’indice de développement humain (IDH) qui est passé de 0,397 à 0,404 entre 2019 et 2021(PNUD: Rapport sur le Développement Humain) faisant en sorte que le pays occupe toujours le rang le plus faible (189eme sur 191 en 2022); accentuant ainsi les inégalités de genre dont la RCA est classée 159eme sur 162 pays avec un indice d'inégalité entre les sexes de 0,680 en 2021. 

En ce qui concerne l'accès à la santé, l’indice de disponibilité des services de santé au niveau national est de 31,2%, l'indice de capacité opérationnelle des services est de 50%, l’indice de l’utilisation des services de santé est de 2,3% et la capacité opérationnelle moyenne des établissements de soins offrant les services de transfusion sanguine est évaluée à 43%. Par ailleurs, on note 5,5 professionnels de santé de base pour 10 000 habitants, dont 0,8 médecins généralistes, 0,6 autres professionnels soignants, 2,5 professionnels de soins infirmiers, 1,6 professionnels de soins obstétricaux (PNDS III 2022-2026). Cette densité de 5,5 professionnels de santé pour 10 000 habitants est considérablement inférieure à l’objectif de l’OMS qui est de 23. Ces indicateurs alarmants illustrent bien la gravité de la situation sanitaire. En matière d'éducation, bien que le taux de fréquentation scolaire soit de 72,8% entre 2018 et 2019 selon le rapport de l’enquête MICS6, le taux d’achèvement passe de 59% pour le cycle primaire à 13,5% pour le 1er cycle du secondaire et se réduit de moitié pour tomber à 6% au Niveau Secondaire 2e cycle. 

Malgré l’existence de quelques statistiques, il est important de relever que le gap concernant certaines statistiques utiles à des prises de décisions stratégiques est énorme et le Bureau pays de UNFPA en RCA se préoccupe de cela. D’où l’importance de ses appuis techniques et financiers à l’Institut Centrafricain des Statistiques et des Études Économiques et Sociales (ICASEES) pour la conduite du Recensement General de la Population et de l’Habitat 4 (RGPH4) et les enquêtes démographiques pour fournir des données actualisées. Pour mettre en œuvre lesdits engagements, le bureau pays a renouvelé son programme de partenariat avec le gouvernement par l’approbation de son neuvième programme de Coopération par le Conseil d’Administration de UNFPA du 03 Février 2023 avec un budget total de $42.8 millions. Il a été élaboré en collaboration avec le Gouvernement et conformément aux priorités nationales et à la vision du Gouvernement inscrite dans le Plan National de Relèvement et de Consolidation (2017-2023) et la vision 2050 de la RCA. L’élaboration du neuvième programme de pays, 2023-2027, a été largement participative, incluant les différents partenaires de la société civile, y compris les associations des femmes et jeunes et prône l’approche de nexus pour sa mise en œuvre. Il est aussi lié aux quatre priorités stratégiques du Plan-cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable (UNSDCF), 2023-2027 : la paix (pilier 1), la population (pilier 2), la prospérité (pilier 3) et la planète (pilier 4). Il est pleinement conforme au plan stratégique de l'UNFPA, 2022-2025 et aux trois résultats transformateurs de l’UNFPA qui sont : mettre fin aux décès maternels évitables ; mettre fin aux besoins non satisfaits en matière de planification familiale ; et mettre fin à la violence sexiste et aux pratiques néfastes. Il contribuera à accélérer la réalisation des Objectifs du développement durable (3, 5, 10, 13, 16 et 17) et du programme d’action de la Conférence Internationale pour la Population et le Développement (CIPD).

Chaque cinq ans, les pays signataires de la CIPD passent en revue les progrès réalisés vis-à-vis des engagements pris. Cette année, la CIPD@30/AADPD@10 a fait l’objet de la revue dans beaucoup des pays y compris la RCA.

Si la mise en œuvre des engagements pris par la RCA au Caire, à Addis Abeba, et renouveler à Nairobi a consisté en la création des conditions favorables à l’exécution de ces engagements, les ressources financières manquent pour atteindre les populations ciblées en particulier les jeunes et les femmes, les personnes âgées, les personnes déplacées internes, celles vivant avec le VIH/SIDA, vivant  en milieu rural ou victimes des violences basées sur le genre, et les autres personnes laissées pour compte. Des investissements importants ont été certes réalisés dans le domaine sanitaire, cependant le système de santé n’est pas encore très performant (rupture de stock en médicaments, concentration du personnel soignant qualifié à Bangui au détriment des provinces, etc.). La satisfaction des besoins de la population eu égard au nombre limité du personnel qualifié, l’insuffisance des ressources et infrastructures, la démotivation permanente du personnel lié à la vétusté des plateaux techniques, et de logistique, reste une équation a multiples inconnues.  En matière d’éducation, on constate encore une absence de textes réglementaires, de supervision et de suivi, de l’application d’éthique professionnelle. Aussi, la faible part budgétaire allouée par l’État à l’éducation, le faible effectif des enseignants qualifiés, l’insuffisance des infrastructures scolaires et de matériels didactiques, et l’insécurité dans certaines zones, génèrent des problèmes de qualité des enseignements. Ces réalités ont des conséquences directes sur la baisse du niveau d’éducation des élèves et des étudiants, etc.

Dans le domaine de l’emploi, le secteur privé est peu développé, et reste encore concentré à Bangui. Le taux de sous-emplois est passé de 26,7% en 2019 à 31% en 2020, puis 31,5% en 2021. Les politiques en matière d'entrepreneuriat ne sont pas bien encadrées. Les jeunes constituent une forte proportion dans la structure de la population centrafricaine avec 73% de population âgée de moins de 35 ans. Cependant, leur santé est très précaire tandis que leur insertion socio-économique reste un défi considérable.  Ces réalités constituent des freins pour le développement socio-économique. En ce qui concerne la situation des jeunes non scolarisés sans emplois, il est urgent de mobiliser des financements pour mettre en œuvre la Politique Nationale de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (PNEFP) élaborée et adoptée en Octobre 2016 avec l’appui technique et financier du Bureau International du Travail (BIT). Au regard des réalités actuelles, si rien n’est fait, le pays risque de ne pouvoir assurer aux femmes des droits égaux sur les ressources économiques telles que la terre et la propriété, la santé sexuelle et reproductive, la technologie et l’accès à internet tels que prévus par les Objectifs du Développement Durable(ODD) à l’horizon 2030 et par conséquent de rater l’exploitation efficace du dividende démographique. La faible utilisation des produits contraceptifs couplée avec le faible accès à l’information sur la santé sexuelle et reproductive, concoure à l’augmentation des grossesses non désirées ayant pour conséquences les avortements à risque et la mortalité maternelle dont le ratio est parmi le plus élevé au monde avec 835 pour 100 000 naissances vivantes. Ces facteurs sont également responsables du niveau élevé de fécondité et de l’essor de la femme. 

Le rapport sur l'état de la population mondiale est la publication annuelle phare de l'UNFPA. Publié annuellement depuis 1978, il met en lumière les enjeux émergents dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive et l’égalité des sexes, en les introduisant dans le courant dominant et en explorant les défis et les opportunités qu'ils présentent pour le développement international. Le rapport de cette année comprend les contributions de deux Partenaires des Nations Unies : l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) et la Division de la Population du Département des Affaires Économiques et Sociales (DAES). En tant qu'agence des Nations Unies pour la Population, l'UNFPA fait le plaidoyer avec les gouvernements et partenaires clés pour que, les gens, en particulier les femmes et jeunes filles, aient accès aux services et informations nécessaires de santé sexuelle et de la reproduction, y compris pour la planification familiale afin qu’elles puissent prendre des décisions éclairées concernant leur corps et leur vie.

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Vous pouvez accéder au rapport de l'UNFPA sur l'état de la population mondiale 8 milliards de vies, une infinité de possibilités : le cas des droits et des choix : https://www.unfpa.org/fr/swp2023

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