Bangui, République Centrafricaine – Le 24 juillet 2024, la Maison des Jeunes du 4ème arrondissement de Bangui a accueilli la cérémonie de lancement de la campagne de sensibilisation sur la Santé  Reproductive des Adolescents et Jeunes (SRAJ), les Violences sexuelles et la lutte contre le VIH, en faveur des  jeunes en situation de handicap. Organisée par le Ministère en charge de la Jeunesse avec l’appui technique et financié de UNFPA, et en collaboration avec le Réseau National des Associations des Jeunes Handicapés de Centrafrique (RENAJEHC), cette campagne vise à renforcer l'inclusion et la protection des droits sexuels et reproductifs des jeunes handicapés dans un contexte de crise humanitaire persistante.

Parmi les participants figuraient des représentants du gouvernement, notamment le représentant du Ministre de la Jeunesse et des Sports, le Ministère de l’Éducation Nationale, le Ministère de la Promotion du Genre. Des dignitaires comme le maire du 4ème arrondissement, des figures locales, et des membres de diverses organisations nationales et internationales étaient également présentes.

Depuis deux décennies, la République Centrafricaine (RCA) traverse une crise sécuritaire aux conséquences humaines graves. Avec une population composée à 73 % des personnes de moins de 35 ans, et une augmentation alarmante des violences basées sur le genre (VBG), la situation des jeunes, en particulier des jeunes filles, est critique. Cette campagne se veut une réponse proactive pour informer et éduquer les jeunes sur des questions vitales de Santé Sexuelle et Reproductive, planification familiale, et des droits humains.

Dr. Agnes KAYITANKORE, Représentante a.i de l’UNFPA, a souligné l'urgence et le potentiel que représentent les jeunes pour la RCA. Elle a déclaré :

"La jeunesse et les questions liées à l’adolescence sont une priorité du mandat de l’UNFPA. En Centrafrique, elle est à la fois une urgence et une solution. Urgence, car les chantiers relatifs à la santé, surtout sexuelle et reproductive, constituent un défi permanent de notre action. Solution, car les jeunes de moins de 35 ans sont largement majoritaires, à 73 % de la population centrafricaine. C’est la tranche d’âge où on ne se donne pas de limite dans l’action. Et cette énergie doit pouvoir apporter des changements qualitatifs et promouvoir le relèvement du pays."

Elle a également mis en lumière des données alarmantes concernant la santé des adolescentes :

"En effet, les données de l’enquête MICS réalisée en 2019 révèlent que dans l’ensemble, 36 % des adolescentes ont déjà commencé leur vie féconde. Cette proportion augmente rapidement avec l’âge, passant de 8 % à 15 ans à 59 % à 19 ans, âge auquel 53 % des jeunes filles ont déjà eu au moins un enfant."

Ces statistiques illustrent la nécessité d'une éducation et d'une sensibilisation accrues pour prévenir les grossesses précoces et non désirées.

Le Président du Réseau National des Jeunes Handicapés a pris la parole pour rappeler que les personnes handicapées ont les mêmes droits que tous les autres citoyens. Il a exprimé sa profonde inquiétude face au manque d'accès à l'information et aux services pour les jeunes handicapés, en particulier en matière de SSR et de VBG. Il a appelé à un changement de mentalité et à une mobilisation collective pour garantir l'inclusion de tous les jeunes, sans exception.

Le Représentant du Ministre de la Jeunesse et des Sports a également apporté son soutien à cette initiative, soulignant les aspirations légitimes des jeunes handicapés à une vie digne et épanouie. Il a reconnu les obstacles auxquels ils sont confrontés, tels que la discrimination, le manque d'infrastructures adaptées, et la stigmatisation sociale qui favorisent les violences sexuelles et les infections sexuellement transmissibles telles que VIH. Il a appelé à une action concertée pour lever ces barrières et permettre à tous les jeunes de réaliser leur plein potentiel.

KPANA Theresa, vice-présidente de l'association nationale "La Main des Sourds" et trésorière générale adjointe du RENAJEHC, a partagé son parcours et ses motivations lors de la campagne. Depuis 2020, elle s'est engagée comme relais communautaire et agent sensibilisateur. Actuellement, elle est pair éducatrice dans le cadre du réseau national des associations des jeunes handicapés.

Elle a souligné les défis majeurs rencontrés par les personnes sourdes, notamment la barrière de la communication et l'absence de services adaptés :

"La population centrafricaine méconnaît le langage des signes, ce qui crée une barrière de communication. De plus, les services ne sont pas adaptés aux besoins des personnes sourdes, et il y a une discrimination et une stigmatisation importantes."

KPANA Theresa a exprimé ses aspirations pour cette campagne :

"Nous voulons sensibiliser nos pairs, les aider à comprendre la santé sexuelle et reproductive, les questions de Violences sexuelles , et la planification familiale. Nous espérons également distribuer des kits de dignité pour aider les jeunes filles et les femmes handicapées à se prendre en charge pendant leurs menstruations. À long terme, nous voulons qu’ils adoptent un comportement responsable concernant leur sexualité."

Cette campagne lancée le 24 juillet à Bangui est bien plus qu'une simple initiative de sensibilisation ; elle est un engagement envers un avenir dans lequel chaque jeune Centrafricain, handicapé ou non, a le droit de vivre une vie épanouie et en bonne santé. En abordant ouvertement les questions de santé sexuelle et reproductive, de violences et de discrimination, cette campagne veut briser les tabous et ouvrir la voie à une société plus juste et inclusive. Elle est un rappel que la diversité est une force et que l'égalité des chances est un droit fondamental pour tous.