À travers le présent rapport, nous apportons un éclairage fort nécessaire sur la réalité d’innombrables personnes dans l’incapacité de fonder la famille qu’elles voudraient.
Dans 14 pays comptant plus d’un tiers de la population mondiale, nous avons demandé à des hommes et à des femmes quels étaient leurs désirs profonds en matière de procréation, et s’ils pensaient pouvoir réaliser ces ambitions. Il en ressort que beaucoup trop ne sont pas en mesure d’exercer un véritable choix sur ces questions, pourtant parmi les plus intimes et les plus fondamentales de leur existence.
La démographie humaine fait l’objet d’un intérêt grandissant, mais aussi d’une anxiété croissante. Les craintes les plus notables concernent le recul des taux de fécondité, le vieillissement de la population et les pénuries de main-d’œuvre, mais aussi, à l’inverse, la surpopulation, que de nombreux observateurs présentent encore comme la plus grande menace pesant sur notre planète.
Quel que soit le côté où l’on se place, un facteur demeure globalement absent du discours public : les désirs des individus eux-mêmes concernant leur fécondité, leur famille et leur avenir.
Dès lors que l’on pose les bonnes questions, le problème nous apparaît clairement, et la solution également. La réponse réside dans le libre arbitre en matière de procréation, autrement dit la capacité de chaque individu à faire des choix libres et éclairés concernant la sexualité, la contraception et la décision de fonder une famille — si on le souhaite, quand on le souhaite et avec qui on le souhaite. Le libre arbitre en matière de procréation ne se réduit pas à l’absence de contrainte ou à un meilleur accès aux services. Il nécessite une série de conditions qui permettent à chacune et chacun d’exercer ses droits procréatifs et d’avoir réellement le choix, à commencer par l’égalité des genres, la stabilité économique, des soins de santé dignes de ce nom et la confiance en l’avenir.
Aujourd’hui, ces conditions demeurent un idéal inaccessible pour beaucoup trop de personnes. Pour remédier à cette situation, nous devrions toutes et tous (et notamment les décideurs politiques) demander aux individus quels sont leurs souhaits et leurs besoins. Ce sujet ne doit pas rester secondaire, mais devenir la toute première question à se poser lorsque l’on s’intéresse aux enjeux démographiques. Les politiques devraient répondre directement à ces préoccupations, en garantissant à toutes et à tous le plein accès aux services de santé et aux droits en matière de procréation, en apportant un soutien constant et durable aux parents et aux familles, et en éliminant la violence basée sur le genre et les normes de genre discriminatoires qui contrecarrent les ambitions procréatives des individus.
Créons ensemble les conditions nécessaires pour que les personnes qui aspirent profondément à connaître les joies et les satisfactions de la parentalité puissent avoir le nombre d’enfants qu’elles désirent, pour qu’elles retrouvent l’espoir en un avenir meilleur, où leurs choix seront soutenus et leurs droits protégés, et en un monde où leurs enfants et les générations futures pourront s’épanouir. Nous espérons que ce rapport ouvrira la voie aux échanges et aux initiatives qui s’imposent pour faire progresser ces droits et ces choix.