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EDITORIAL: Le sexe : un sujet tabou en Centrafrique

DR JEAN-CLAUDE REDJEME

Harcèlement sexuel, viol, grossesse non désirée, avortement, mortalité maternelle, tel est le cauchemar des femmes qui vivent dans une société où il est interdit de parler de sexe.
Souvent, les enfants sont sévèrement punis du fait d’avoir seulement prononcé le mot « pénis » ou« vagin » et, selon certaines cultures locales, la seule manière de remettre ces
enfants sur la bonne voie est de leur infliger des corrections corporelles.

En Centrafrique, parler de la sexualité est très rare. L’attachement des populations aux valeurs morales fait qu’il est quasi impossible de voir des personnes âgées discuter de la sexualité avec les jeunes qui sont le plus souvent victimes d’un manque d’informations sûres en la matière. Les parents se préoccupent ardemment de l’éducation de leurs enfants sur de nombreux plans, mais oublient que le manque d’information sur la sexualité est un danger permanent qui menace l’avenir de leurs rejetons. Ainsi, les parents et les tuteurs ne prennent pas le temps de s’entretenir avec leurs enfants sur la sexualité. Ces derniers, manquant de repères et d’informations en la matière, se contentent d’en parler avec leurs camarades et amis. Or les amis auprès de qui se renseignent ces enfants sont ignorants au même titre qu’eux. Un tel phénomène fait que la couche juvénile est plongée dans un manque d’éducation sexuelle notoire. La conséquence la plus directe de ce phénomène est la fréquence de grossesses non désirées chez les jeunes filles.

Face à cette situation, le Fond des Nations Unies pour la Population (UNFPA), dont la mission est d’aider les jeunes « ignorants » à s’informer le maximum possible sur la sexualité, veut impliquer les médias dans la sensibilisation autour des questions liées au sexe. C’est pourquoi il a organisé, du 20 au 23 mai 2020, un « Atelier de réflexion avec les journalistes et blogueurs sur le traitement des thématiques ayant trait aux 3 résultats transformateurs de l’UNFPA à l’horizon 2030 ». Cet atelier a permis aux professionnels des médias de s’imprégner des notions de base en matière de planification familiale, de prévention des décès maternels et de violence basée sur le genre.

Ce numéro spécial rassemble les meilleurs articles réalisés au cours de cet atelier. Nous osons croire que cette initiative favorisera le dé confinement des sujets tabous dans la presse centrafricaine. Car les jeunes, les adolescents et même les parents ont besoin d’être amplement informés sur la sexualité afin d’éviter les erreurs réputées graves qui en découlent.