Bangui, 04 décembre 2023. A l’occasion de l’édition 2023 de la Journée Mondiale de lutte contre le SIDA, le Représentant du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), Dr Shible Sahbani lance un appel en direction de la population et particulièrement les jeunes de la République Centrafricaine pour qu’ils intensifient les moyens de prévention dans ce pays où on enregistre chaque année un nombre important de nouvelles contaminations. En effet, selon l’estimation et projection Spectrum de l’ONUSIDA, l’effectif des personnes vivant avec le VIH/SIDA(PVVIH) est évalué à 124 732 en 2023 contre 83.400 en 2022. Ce nombre sera de 129 043 en 2024 et 132 380 en 2026. Cette hausse prend en compte les différents résultats de la riposte au VIH dans le pays en fonction des estimations par l’outil Spectrum en 2023. A cela s’ajoute un accès limité à l’information ainsi qu’une insuffisance en structures de santé et de personnel soignant.
Dr Sahbani appelle surtout au sens de responsabilité des jeunes et des travailleurs de sexes à adopter des comportements responsables de nature à barrer la route à cette propagation inquiétante qui affaiblit les efforts du Comité National de Lutte contre le SIDA(CNLS) pour l’atteinte de l’objectif de l’ONUSIDA qui est celui de mettre fin aux nouvelles infections au VIH SIDA d’ici 2030 pour ce pays ayant la plus forte prévalence du VIH en Afrique de l’Ouest et du Centre. En effet, peu de structures de santé offrent des tests de dépistage et la prise en charge associée. Beaucoup de personnes vivant avec le VIH doivent affronter des trajets longs et dangereux afin de trouver une structure sanitaire assurant ces services. Les patients qui réussissent à les atteindre sont parfois confrontés à des ruptures de stocks, rendant une observance régulière du traitement antirétroviral (ARV) difficile.
A travers le Comité National de Lutte contre le SIDA (CNLS), le Gouvernement de la RCA promeut la politique de ZERO NOUVELLE INFECTION D’ICI 2030 en collaboration avec ses partenaires dont le bureau pays de l’UNFPA qui a pour mandat de soutenir les programmes de santé de la reproduction y compris les interventions destinées à prévenir l'infection par le VIH, en mettant l'accent sur la prévention du VIH parmi les jeunes et les femmes enceintes, ainsi que la promotion de l’utilisation des préservatifs.
Malheureusement, la société centrafricaine est encore très attachée à certaines valeurs socioculturelles traditionnelles néfastes qui régissent en grande partie des comportement malsains des populations. Le système patrilinéaire demeure le mode d’organisation sociale dominant et implique la subordination de la femme vis-à-vis de l’homme. On s’attend à ce que la femme exécute la volonté de son partenaire ou mari selon le cas, laquelle volonté est souvent imposée. Dans ce sens, une femme ne peut pas refuser un acte sexuel à son mari ou lui imposer l’utilisation de préservatifs lorsqu’elle suspecte un comportement extra marital. Dans ce contexte où la polygamie est tolérée contre l’adultère de la femme qui est fortement réprimé, il existe une inégalité des chances de barrer la route à la transmission du VIH/SIDA. Toute initiative des femmes pour contrer cet état de fait par l’utilisation du préservatif féminin est vu comme un acte osé, stigmatisant et parfois répugnant provoquant du coup le désintérêt au niveau des femmes elles-mêmes. C’est pourquoi l’UNFPA se donne aussi pour mission d’encourager l’autonomisation des populations clés, des femmes et des filles, ainsi que des jeunes, afin qu’ils puissent mener une vie saine et épanouissante et bénéficier des services dont ils ont besoin, sans stigmatisation, discrimination ni aucune forme de violence sexiste. Aussi, promeut-il l’intégration de la lutte contre le VIH dans les services de santé sexuelle et reproductive, dans le cadre d’une stratégie globale en faveur d’un accès universel aux services de prévention, de soins et de traitement du VIH, notamment aux préservatifs.
Selon le rapport épidémiologique de la Coordination Nationale du CNLS en 2022, la prévalence du VIH est stable dans le pays même si nous assistons à de nouvelles infections chaque année, ce qui constitue un véritable défi pour l’objectif zéro infection en 2030. Les indicateurs de la santé sexuelle des adolescents et jeunes sont préoccupants. En effet, l’âge moyen au premier rapport sexuel est de 15,9 ans chez les filles, alors qu’il est de 17,7 ans chez les garçons. L’enquête MICS 2019 indique que dans l’ensemble, 36 % des adolescentes ont déjà commencé leur vie féconde. Cette proportion augmente rapidement avec l’âge, passant de 8 % à 15 ans à 59 % à 19 ans, âge auquel 53 % des jeunes filles ont déjà eu au moins un enfant. Environ 50% des jeunes et adolescents ne possèdent pas d’information sur la prévention de grossesse, alors que 71% sont sexuellement actifs. L’utilisation systématique du préservatif est une attitude et une pratique montrant une prise de conscience quant à l’éviction des comportements à risque. Or 26 % seulement des adolescents et jeunes utilisent systématiquement le préservatif lors de tout rapport sexuel. Pire, près de 43% des enquêtés déclarent ne pas du tout utiliser des préservatifs lors des rapports sexuels occasionnels. La prévalence du VIH-Sida parmi les jeunes de 15 à 24 ans est de 1,2% soit 1,5% chez les filles, contre 1% chez les garçons. Toutes ces données montrent à l’évidence que les adolescents et jeunes en RCA, particulièrement les filles ont des comportements à risque, mettant en péril leur santé sexuelle et reproductive, sinon leur vie. Il s’avère important de mettre en place, un dispositif communautaire d’information, de sensibilisation et d’orientation des jeunes et des leaders communautaires sur la prévention du VIH, la prise en charge des violences sexuelles, ainsi que toutes les composantes de la Santé Sexuelle et Reproductive de manière holistique et intégrée.
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